À notre réveil, le soleil est déjà levé. Le navire effectue
ses premières manœuvres d’approche du nouveau port de Dubrovnik à deux ou trois
kilomètres de la vieille ville. Un pont suspendu est jeté entre deux flancs de
la montagne qui s’incline vers la mer adriatique. La côte semble s’enfoncer
directement dans les flots. Les sommets se découpent dans un ciel d’azur. Les
îles lointaines s’estompent comme des ombres chinoises dans une brume de
chaleur.
Vers neuf heures, nous descendons à terre pour prendre un
bus qui nous conduit vers la Porte Principale. Les routes sont devenues à sens
unique dans une grande partie de la ville. Le car effectue un détour pour
arriver à la place réservée au Bus. Le trajet dure environ quinze minutes. À
quelques pas de là, nous apercevons l’hôtel Hilton Impérial aux teintes jaunes.
La forteresse se dresse de façon imposante à nos yeux. Un
monde fou est déjà présent pour visiter l’ancienne cité. Nous nous enfonçons
pour atteindre le niveau de la ville basse. À notre droite, la grande fontaine
circulaire d’Onofrio s’offre à notre regard. De l’autre côté, une queue
imposante fait obstacle à notre déplacement. C’est l’endroit pour monter les
remparts. Il coûte 150 Kunas par personne pour effectuer cette promenade
perchée au-dessus de la vieille ville. Nous traversons l’axe principale de la
cité, la Placa (Strardun) qui conduit à l’autre grande porte de la ville. Nous
stoppons au magasin qui vend des t-shirts originaux. Il en reste plus qu’un.
Malgré l’attitude indifférente de la vendeuse, nous le prenons. Plus loin,
j’opte pour une casquette beige pour remplacer celle que j’ai perdue hier à
Corfou.
Nous passons devant la Tour de l’Horloge qui se dresse à
l’entrée de la porte qui conduit au vieux port de Ragusa. Nous sortons sur le
quai principal qui est envahi par les touristes. André se repose quelques
instants sur la bite d'amarrage en pierre du môle. L’air marin tamise les
rayons ardus du soleil. Nous effectuons un tour complet des quais en longeant
les murs d’enceinte de l’ancienne cité. Sur un bateau, il y a une citation de
Nicolas Tesla, un enfant du pays.
Nous arrivons sur l’emplacement de l’ancien fort St John. Nous avons une vue magnifique sur
l’île de Lokrum où se trouve un jardin botanique et aussi le fort royal. Nous
retournons dans la ville par une petite porte. Nous apercevons la Cathédrale du
Trésor noyée par le soleil au fond de la ruelle. Après avoir rencontré deux
chats qui se reposent, nous atteignons le marché sur la place Gundulic. Puis
nous continuons sur la rue Od Puca jusqu’à la grande fontaine.
J’entre dans une libraire pour regarder les livres qu’elle
propose. Mais je ne trouve rien d'intéressant, le fond est essentiellement des
ouvrages pour les touristes sur la ville. Dans un petit coin, il y a un peu de
littérature croate. Nous revenons à la place en dehors de la vieille cité pour
récupérer le bus. Le retour s’effectue plus vite. Le trajet semble plus direct.
Au port, nous faisons le tour des stands du marché touristique sans que rien ne
nous convienne.
Dubrovnik est le théâtre d’un drame qui se nomme son succès
touristique. De plus, il est amplifié par le tournage de la série Game of
Throne (King’s Landing) et du film de StarWar : Rogue One.
Nous mangeons sur le bateau. Le buffet est pauvre car peu de
passagers sont de retour. Nous dégustons notre repas puis nous retournons à la
cabine pour avancer l’écriture de nos aventures.
Un peu avant quatre heures, le navire quitte le port de
Dubrovnik et navigue sur les eaux de l’adriatique. À tribord, les côtes
Dalmates se dressent comme une muraille de terre ocre boulochée d’arbustes
rares. Doucement nous quittons l’archipel d’îles pour atteindre la pleine mer. À
notre droite, un rocher se dresse hors des eaux. À son sommet, un phare à la
base d’un cube presque parfait s’élève une petite tour ronde surmontée d’un toit
en cône rouge. Nous apercevons vite la falaise abrupte de l’autre côté de
l’îlot.
Le navire continue sa progression vers la presqu'île
d’Istrie en Slovénie. Une brume de chaleur brouille la base des côtes qui
défilent à bâbord. L’horizon se charge de nuées grisâtres. Lorsque le soleil
s’évanouit derrière ce rideau de nuages, des plumeaux rougeoyants glissent dans
le ciel. Puis une lueur oranger réussit à percer la masse nuageuse. Pendant
quelques instants, l’astre solaire devient une portion triangulaire pourpre
dans une fissure de ciel. Ensuite, il sombre derrière les flots et les lambeaux
de nuées.
Un quart d’heure après le coucher, le téléphone de la cabine
sonne. Un interlocuteur dont la voix me semble être le cabiniste me demande de
fermer la porte du balcon à cause de la réflexion de la lumière. Je lui réponds
qu’il n’y a pas de balcon dans notre chambre.
Pendant
le repas, je fais part à André de mes réflexions sur le nationalisme qui a dans
cette région morcelé la Yougoslavie en une dizaine de petits états. Le
nationalisme est fait pour les gens étroits d’esprit qui manquent totalement
d’imagination et d’ouverture au monde. Ce sont des candidats idéals pour mourir
comme chair à canon, pour défendre un bout de tissu insignifiant, ayant perdu
toute signification avec le passage du temps après le lessivage et recyclage
idéologique.
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